La franc-maçonnerie moderne, dite parfois « spéculative » par opposition à la maçonnerie de métier, dite « corporative » ou « opérative », est née en Grande-Bretagne, plus précisément en Écosse et en Angleterre, avant de s’étendre très rapidement, au début du XVIIIe siècle, à toute l’Europe puis, principalement par l’intermédiaire des colonies européennes, à l’ensemble du monde.

Fondation de la Grande Loge d’Angleterre, dite plus tard des « moderns »

Peu de temps après la création du Royaume de Grande-Bretagne ( 1707 ) et l’arrivée au pouvoir de la Maison de Hanovre ( 1714 ), à l’occasion de la Saint-Jean, à l’été 1717, quatre loges de Londres connues sous le nom des tavernes dans lesquelles elles se réunissaient, « At The Goose and Gridiron », « At the Crown », « At the Apple Tree » et « At the Rummer and Grapes » constituent la première obédience maçonnique de l’histoire, la « Grande Loge de Londres », dont le pasteur écossais James Anderson rédigera avec l’aide du pasteur d’origine française Jean Théophile Désaguliers les constitutions en 1723.

Les protestants sont nombreux dans cette nouvelle institution, dont les trois premiers grands-maîtres sont des roturiers, mais Désaguliers parvient à y attirer un grand nombre de membres de la Royal Society et à faire accepter la grande-maîtrise au duc de Montagu en 1721, puis au prince de Galles en 1737. L’obédience prendra rapidement le nom de « Grande Loge de Londres et de Westminster », puis de « Grande Loge d’Angleterre ». Son recrutement reste éclectique : à côté des aristocrates et des savants, on trouve aussi des artisans, des petits commerçants, des aubergistes. Ses membres encouragent le théâtre et rédigent des prologues et épilogues maçonniques pour certaines pièces, ainsi que de nombreuses chansons maçonniques. L’activité des loges est essentiellement tournée vers la convivialité, la sociabilité et le divertissement.

La bulle papale de 1738 n’a presque aucun écho en pays anglican. Les premières divulgations du secret maçonnique, notamment l’ouvrage « Masonry dissected » de Samuel Prichard, sont plus remarquées, mais ne semblent pas non plus être à l’origine du léger repli de la Grande Loge d’Angleterre dans les années 1740, qui verra le nombre de ses loges passer de 189 en 1741 à 157 en 1748. Dans le même temps, la Grande Loge d’Angleterre feint d’ignorer la Grande Loge d’Irlande, tarde à reconnaître celle d’Écosse et refuse d’accepter dans ses rangs les immigrés venus de ces pays, ce qui aboutira en 1751 à la fondation de la grande loge concurrente, dite « des Anciens ». À la suite de cette crise, elle aura perdu 71 loges de plus en 1756. Elle y fait alors face en renforçant son élitisme, en développant ses loges à l’étranger, en interdisant les visites aux loges de l’obédience rivale et en entamant la construction du prestigieux « Freemasons’ Hall ». Elle conserve également la tolérance religieuse de ses origines, se distinguant de sa rivale en ce qu’elle condamne l’athéisme tout en restant encore ouverte à toutes les religions.

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